27.04.04
L'Italie AUTORISE LA TORTURE
L'Italie AUTORISE LA TORTURE
Appel:
Nous savons.
Nous avons assisté, recueilli des témoignages, dénoncé dans nos livres: en Italie, en juillet 2001, à Gênes dans la caserne de Bolzaneto, des centaines de personnes, italiennes et étrangères, ont été torturées.
Nous sommes indignés, les Italiens devraient avoir honte et se révolter contre l'approbation de la loi sur la torture qui est en train d'être discutée actuellement à la Chambre des députés. La loi d'un pays civil qui devrait garantir les droits humains fondamentaux et ne pas mettre des limites à ces droits.
L'Italie est en retard de 15 ans sur l'introduction du crime de torture dans son système juridique, mais si le texte définitif doit contenir l'amendement approuvé ces jours-ci, (selon lequel pour qu'il y ait crime de torture, les violences ou les menaces graves doivent être répétées) il vaut mieux qu'elle reste sans aucune loi.
Les témoignages de ceux qui passèrent des heures, des jours à l'intérieur de la caserne de Bolzaneto parlent de violences et de tortures, de traitements inhumains et dégradants, de suspension de droits humains fondamentaux, de soins médicaux refusés à des personnes déjà blessées, de coups de téléphone refusés aux familles, aux avocats, au consulat pour les étrangers, tous les interpellés et les détenus disparus dans le néant, "desaparecidos". Ils parlent de mains cassées à Bolzaneto, de sutures sans anesthésie, de filles traînées par le cou et couvertes de crachats et d'insultes par deux files d'agents, frappées à coups de pied durant le trajet vers les toilettes. Ils parlent de chansonnettes fascistes, de garçons et de filles nus, qui ont fait l'objet de moqueries et d'humiliations. Ne furent donnés ni nourriture ni eau, les jeunes furent assaillis de coups de poing et de pied, contraints à rester debout pendant des heures, le visage contre le mur, les jambes écartées, même les blessés, aspergés de gaz urticant, menacés de mort, de viol et d'autres violences.
L'amendement de la Ligue approuvé par la Chambre est contre les forces de police: c'est ce que soutient le syndicat Silp- Cgil en affirmant que, si on fait ainsi, on évoque la fausse image de forces de l'ordre prêtes à renoncer à ce principe de légalité qui est la première raison de leur existence.
Les forces de police repoussent avec dédain l'idée qu'un acte quelconque de torture, commis même une seule fois, puisse les aider dans l'exercice de leurs fonctions, considèrent le respect des droits fondamentaux de la personne un principe de leur action pour la tutelle des citoyens auquel ils ne peuvent renoncer.
Les forces de police se considèrent garants du respect des valeurs constitutionnelles et sont de l'avis que dans un Etat démocratique on doit et on peut garantir la sécurité sans faire aucun pas en arrière sur le terrain de la civilisation juridique.
Des milliers de citoyens ont signé la pétition pour l'introduction du crime de torture parce qu'ils croient en une démocratie qui respecte les droits humains. Ne laissons pas l'Italie tomber définitivement et "légalement" dans le gouffre d'un régime où tout est permis, où aucun droit des citoyens italiens et étrangers n'est garanti.
Rappelons que l'art.13 de notre constitution prévoit que:
"Toute violence physique et morale sur les personnes soumises à des restrictions de liberté, quelles qu'elles soient, est punie."
Enrica Bartesaghi
(Présidente du Comité Vérité et Justice pour Gênes - auteur du livre "Genova, il posto sbagliato")
Marco Poggi
(ex-infirmier de Bolzaneto - auteur du livre "Io, l'infame di Bolzaneto")